L’ AITV, une rédaction de France Télévisions dans le couloir de la mort

L’AITV est une rédaction de France Télévisions spécialisée dans la couverture de l’actualité africaine. Elle emploie 28 journalistes permanents basés à Malakoff, au sud de Paris, et 30 correspondants répartis sur le continent africain.

Depuis près de 30 ans, l’AITV fournit aux télévisions nationales africaines dans le cadre d’un accord de coopération et via Canal France International (CFI) qui agit en diffuseur, des reportages commentés en anglais et en français. Les journalistes de l’AITV sont depuis 2009 employés par France Télévisions, entreprise unique. Auparavant ils étaient salariés de RFO.
Les reportages de l’AITV sont également fournis à la chaîne France 24, à TV5 Monde, et servent de base au journal Afrique diffusé quotidiennement sur la chaîne France Ô. Ils sont mis à disposition des rédactions des départements et collectivités d’Outre-mer, ainsi que de France 2 et France 3.

Le 12 septembre 2013, la direction de l’information de France Télévisions a annoncé son intention de supprimer la rédaction AITV puis a inscrit la disparition de l’AITV dans un plan de départs volontaires homologué par la DIRECCTE le 19 mai 2014. Ce texte unilatéral qui n’a été signé par aucun syndicat de l’entreprise ne prend pas en compte le sort de la trentaine de correspondants africains de l’AITV.
Cette annonce a suscité de nombreuses réactions. Des personnalités africaines, des représentants des ONG, des associations de défense des droits de l’Homme ont pris position pour alerter la direction de FTV sur les conséquences qu’aurait cette décision. Le sujet a fait l’objet également d’articles dans la presse africaine et en France. Plusieurs parlementaires ont écrit et posé des questions au gouvernement pour réclamer la sauvegarde de l’AITV.

De son côté, Canal France international (CFI) qui souhaite remplacer la mission de coopération assurée par l’AITV par la vente d’images réalisées dans le cadre d’un accord commercial, a dénoncé le 31 mars 2014  la convention qui la lie à France télévisions.

Si CFI ne revient pas sur cette dénonciation, les télévisions africaines ne recevront plus le service AITV à compter du 1er juillet 2014.
Les conséquences   pour les télévisions africaines de la disparition de ce service seraient considérables :
Elles seraient privées d’images qui représentent souvent leur unique source d’information internationale.
Elles perdraient un dispositif qui constitue de fait le prolongement à l’étranger de leurs rédactions
Elles seraient affaiblies face à la concurrence des chaines internationales.

Conçu sans concertation, ce projet de fermeture dresse contre lui les correspondants africains de l’AITV, les télévisions nationales partenaires de CFI, les personnels parisiens de l’AITV.

Il est urgent que toutes les parties concernées par ce dossier entament un dialogue pour trouver d’ici la fin de l’année la formule qui permettra de concilier les contraintes budgétaires françaises, la recherche de synergies entre opérateurs, l’approvisionnement en images des chaines africaines, le transfert de compétences et la préservation de l’expertise des équipes africaines et parisienne de l’AITV.

Les journalistes de l’AITV ne sont pas opposés à des évolutions. Ils ont des propositions à faire entendre pour mieux intégrer l’activité de leur agence au sein de l’entreprise FTV tout en renforçant les liens avec les sociétés publiques de l’audiovisuel extérieur.

Didier Givodan, journaliste à l’AITV, membre du bureau national du SNJ-FTV