L’ancien président du groupe public avait été mis en examen fin avril pour «favoritisme» par le juge Van Ruymbeke.
«J’ai décidé de suspendre mon activité à l’antenne de France 3 le temps de défendre mon honneur.» Ainsi l’ancien président de France Télévisions, Patrick de Carolis, annonce-t-il jeudi soir dans un communiqué qu’il renonce à Des racines et des ailes ainsi qu’au Grand tour, qu’il présentait sur la Trois. Et ce à la suite de sa mise en examen par le juge Van Ruymbeke pour «favoritisme» dans l’autre affaire Bygmalion, celle qui concerne des contrats octroyés par France Télévisions à Bastien Millot à partir de 2008. Et surtout à la suite des révélations du Point: Carolis a touché, entre 2011 et 2012 la coquette somme de 119500 euros de la part de Bygmalion. Un fort parfum de rétrocommission. Patrick de Carolis, qui a annoncé sa volonté de porter plainte contre l’hebdo, s’estime «mis en cause de façon totalement injustifiée».
Cette décision, explique Carolis, «a été prise en accord avec France Télévisions». Sauf que non. Selon nos informations, c’est le président actuel, Rémy Pflimlin, qui a pris la décision de se passer des services de Carolis. Une volonté de tenter de déconnecter l’affaire Bygmalion de France Télévisions.
Ce volet de l’affaire Bygmalion est né d’une plainte du SNPCA-CGC, un syndicat de France Télévisions. En 2008, Bastien Millot, alors directeur général délégué du groupe public se met en disponibilité afin de lancer son entreprise, Bygmalion. Laquelle se met aussitôt en affaire avec… France Télévisions! Pour diverses prestations (discours, e-reputation, courrier des téléspectateurs, etc) qui seront ensuite contractualisées mais sans appel d’offres… Au total, Bygmalion touchera 1,2 million d’euros du groupe public jusqu’en 2013.
C’est-à-dire trois ans après le départ de Carolis et l’arrivée de Rémy Pflimlin à la tête de la télé publique. En effet, si Pflimlin a renoncé à plusieurs contrats avec Bygmalion, s’il a demandé, à son arrivée, à Millot de démissionner de France Télévisions (il était en disponibilité mais toujours officiellement salarié), deux contrats ont été renouvelés (l’un sur la e-réputation de France Télévisions, l’autre sur le courrier des téléspectateurs), soit, au total, 300000 euros.
Outre celle de Patrick de Carolis, l’enquête menée par le juge Van Ruymbeke a notamment abouti à la mise en examen de Camille Pascal, secrétaire général de France Télévisions sous son règne. Devant le juge, lors d’une confrontation, Carolis a chargé Camille Pascal, au grand désarroi de ce dernier qui affirme n’avoir fait qu’exécuter les ordres de signer des contrats avec Bygmalion. Martin Ajdari, ancien secrétaire général de France Télévisions sous Rémy Pflimlin, a été entendu mais avec le statut de « témoin assisté ».
L’affaire s’est encore envenimée avec les révélations du Point selon lesquelles Carolis a touché les fameux 119500 euros de Bygmalion en 2011 et 2012. Pour services rendus? Carolis a expliqué par voie de communiqué qu’il s’agissait là d’une mission de conseil en vue de la création d’une télévision locale. Mais il faut croire que l’affaire commençait à sentir trop mauvais pour Rémy Pflimlin qui a préféré se passer de Patrick de Carolis.