La campagne textile atteint donc aujourd’hui son vingtième épisode. Trois semaines intenses, consacrées à la finalisation du projet stratégique réclamé par le CSA pour pouvoir candidater et ainsi qui sait devenir président de France Télévisions. L’actionnaire a publié sa feuille de route pour le groupe audiovisuel. Des préconisations pour un renoncement budgétaire et éditorial. Mieux avec moins, et surtout sans aucune prise de risque quant au renouvellement du modèle économique de la télévision publique. France Télévisions se transforme petit à petit en une simple plate-forme de flux. Même si la filière de production semble préservée, ce sont bien les producteurs privés qui gardent la part belle. La poule aux œufs d’or qui nous ramène quelques années en arrière quand des marionnettes très inspirées jouaient aux voleurs de patates. Rien n’a changé depuis cette époque. Sauf qu’on ne montre plus du doigt les animateurs vedettes, producteurs enrichis grâce à la télévision publique. Mais pourtant l’externalisation de la fabrication des programmes reste le secteur à réformer. Ne croyez pas ceux qui vous disent que produire en interne est plus cher que de produire dans le privé. C’est juste une pensée unique, qui arrange beaucoup de monde, sauf les finances du groupe et le moral des troupes qui voient partir la plupart des productions à l’extérieur. La ministre Fleur Pellerin parlait d’audace, mercredi dernier, mais la véritable audace ne serait-elle pas de couper enfin le cordon entre ministère de la culture et certains producteurs privés qui se nourrissent sur la bête publique? Il ne s’agit pas ici de dénoncer les créateurs, mais bien d’en finir avec ceux qui s’enrichissent à la fois sur le dos du groupe public mais aussi des intermittents qu’ils font travailler. Et parmi ces rentiers de la prod, beaucoup d’anciens dirigeants ou salariés de France Télévisions qui obtiennent des marchés sans trop de difficultés, ce que j’appelle dans mon projet les intérêts croisés, des liaisons dangereuses si vous préférez. La véritable audace madame Pellerin serait d’oser s’attaquer pleinement à ce dossier.