Un mois pour moi

 

Il y’a maintenant un mois, dans le rubrique Rebonds de Libération, je me portais candidat à la Présidence de France Télévisions. La belle affaire. Depuis dans la presse, l’entreprise a, chaque jour, son lot de sales affaires. Mais ce billet du jour n’a qu’un but. Rappeler qu’il est possible d’imaginer une autre télévision publique. Sur le fond, mes propositions viendront, à l’approche de l’ouverture officielle des candidatures, liée sans doute plus au calendrier judiciaire, qu’au timing prévu par les textes , début 2015.

Mais je l’ai déjà écrit ici, c’est la gouvernance qui devra être réformée. Transparence dans les décisions, remise en place du paritarisme entre direction et syndicats, sanctions contre des cadres qui s’éloigneraient de l’exemplarité, respect des textes internes et des lois (discrimination de tous ordres, code du travail bafoué, dilapidation de l’argent public, etc…).

Ma candidature n’a pas pour but de saisir  le pouvoir comme une finalité mais bien d’en faire un moteur pour que la machine retrouve ses rails et avance pour lui redonner de sa superbe. Pas pour partager entre quelques-uns un pouvoir qui rend immobile, tout en traitant les opposants d’archaïques.

Au fil des mois qui me rapprochent de la campagne officielle, sachez que je travaille avec mon entourage, autour de l’élaboration du projet stratégique que me demandera le CSA pour valider ma candidature. Il y sera question d’information, de programmes, mais aussi des finances,  d’emploi, de stratégie pour le numérique, de dialogue social et de réforme des instances représentatives du personnel, dans le respect de la loi qui s’impose à toutes et à tous.

En attendant continuez à suivre ce blog, bientôt au quotidien, je vais vous parler des coulisses d’une entreprise qui a perdu le nord. Ici, en vente libre je propose quelques boussoles.

Les premiers sacrifiés

Ces derniers jours dans la presse, leur avenir n’a tenu qu’à un fil.
Celui tendu entre deux inégalités par Funambule, cette CDD anonyme qui, dans Télérama, avait crié son dégoût pour une entreprise qui abime ses précaires.
Cette société c’est France Télévisions. Et Funambule est devenue le symbole des contrats à durée déterminée, victimes depuis des années d’un plan social sourd, aveugle mais qui ne doit pas rendre muet.
Certains sont allés aux prud’hommes, pour des procès gagnés pour la plupart. Au bout du périple, des requalifications, pour d’autres un chèque comme point de non retour à la case travail. Après des années de bons et loyaux services, un jour, plus rien. Des contrats de plus en plus rares, des contrats de plus en plus courts, puis des jours ici où là, puis plus rien .
100, 200, 300, contrats, dans les différentes rédactions de France 3, le plus souvent. Et d’un coup d’un seul, le vide. Le couperet social, la fin du parcours. Merci pour tout, mais il nous faut réduire la précarité .Comprenez par là, il nous faut réduire les précaires .

Et France Télévisions depuis plus de deux ans, s’emploie à le faire avec un zèle détestable. Nombreux sont ceux qui ne travaillent plus pour l’entreprise, entre RSA et pôle emploi, quant aux autres ils ont des contrats qui ne correspondent pas à leur activité réelle, pour cause de nouvelles règles de temps de travail qui leurs sont plus que défavorables, parce que mal appliquées à leur endroit .
Mal traité, éjecté, sous payé: où est le moindre des respects pour des salariés qui font le même travail que les titulaires ?
CDD n’est pas un métier, c’est juste un statut, mais à France Télévisions c’est un fardeau.
Sans démagogie aucune, ni récupération déplacée, sachez qu’au quotidien, avec l’organisation syndicale dont je suis membre, nous n’avons de cesse de les défendre, pour que leurs droits soient respectés. Et nous ne sommes pas les seuls.
Nous sommes ( comme nous le faisons déjà ) prêts à les soutenir, si ils décident d’aller en justice, pour faire valoir leurs droits.
La précarité ne peut pas être un moyen de gestion, tant elle fragilise les précaires, jusqu’à devenir des « Kleenex », du jour au lendemain, parfois après une dizaine d’années de collaboration.
Souvent dans nos journaux, des reportages s’intéressent au désarroi des précaires. Pas la peine d’aller très loin, confrères et consœurs, regardez tout simplement autour de vous, dans vos rédactions, ils sont là, où plutôt il y’a peu, ils étaient encore là.
Inhumain, ce mot suffit pour moi à résumer, ce qui ne doit plus exister dans une entreprise et en particulier dans celle qui nous intéresse ici.
Si, dans quelques mois, je suis auditionné par le CSA, c’est un point que je n’oublierai pas de développer, pour que soient régularisés les nombreux salariés précaires, oubliés sur le bord du chemin. Avant qu’il ne soit trop tard, et pour beaucoup il est urgent d’agir .

L’Elysée lance son candidat

 

La Lettre de l’Audiovisuel révèle aujourd’hui que David Kessler, ancien conseiller audiovisuel de François Hollande à l’Elysée, serait donc candidat à la présidence de France Télévisions.

Une concurrence bien déloyale, puisqu’il me semble que ce monsieur a travaillé avec Lionel Jospin, à l’époque (1997-2002) où le cabinet du premier ministre était dirigé par… Olivier Schrameck… le président du CSA. Un conseil supérieur de l’audiovisuel en charge de la désignation du futur PDG de France télévisions…

Voilà donc le candidat de l’Elysée dans les starting blocks. Peu importe, ça me fera une émulation supplémentaire.

A croire que l’Elysée envoie son candidat au feu, pour éviter qu’un simple salarié puisse avoir réellement ses chances. Mais je ne doute pas que le CSA saura, à minima, accepter ma candidature pour laisser le représentant des salariés concourir, et donner ainsi sa vision de la télévision publique, que l’Elysée laisse dépérir depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir.

Mais patience, attendons le projet stratégique du candidat présidentiel, sans doute en rupture avec ce qui se fait depuis des années….. avec la bénédiction du pouvoir, en tout cas dans un silence plus que coupable.

 

Lanceur d’alerte

Hier, la journée a été difficile. C’était jour de Comité Central d’Entreprise. Chaque organisation syndicale y va de son diagnostic, mais il est une affaire qui domine tout. Le volet France Télévisions de l’affaire Bygmalion.

Deux syndicats ont réclamé l’ouverture d’une enquête parlementaire, une autre considère cela comme irresponsable. A chacun son linge sale et à chacun de décider ou pas de le laver en famille. Mais une chose est sûre. La tutelle doit agir.

Respecter la présomption d’innocence, ne pas confondre témoin assisté et mise en examen, ne pas mélanger suspicion et instruction, tout cela est indiscutable. Mais ce qui secoue aujourd’hui France Télévisions n’est que le début, sans nul doute, d’un futur tsunami judiciaire, qui pourrait emporter au-delà de ses dirigeants, la totalité de l’entreprise.

Votre télévision publique est aujourd’hui menacée par plusieurs maux. Les intérêts croisés, les soupçons de détournement de fonds publics, les effets pervers de l’entreprise unique devenue entreprise inique, sans parler des nombreux dysfonctionnements coupables qui jettent les salariés dans un désarroi professionnel et psychologique inquiétants. Ma candidature s’inscrit dans cette seule volonté de défendre la télévision publique, parce que ses salariés en valent tous la peine.

Ce sont des erreurs stratégiques, des sales coups politiques, et si la justice l’écrit, des fautes graves et condamnables, qui nous rapprochent aujourd’hui du mur de la honte.

A cet instant, solennellement, je pense qu’il est utile de demander que tout cela cesse. Il est utile de demander que quelqu’un siffle la fin de la triste récréation, pour que notre entreprise retrouve des équilibres nécessaires et une inévitable sérénité. Je veux bien accepter d’avoir tort à court et moyen terme. Nous en reparlerons ici, bientôt .

Je ne sais pas jusqu’où ira ma démarche, cette candidature à la présidence, mais si au moins mes mots sont des alertes, alors j’ai déjà marqué des points.

Les fossoyeurs de l’intérieur

 

Peut-être avez vous entendu parler du projet Info 2015. Pour faire simple c’est un projet de fusion des rédactions nationales de France 3 et de France 2 .Dans notre jargon les bleus ( couleur France 3 ) et les rouges ( couleur France 2) .

Ce projet initié par le directeur des rédactions sous la présidence de Rémy Pflimlin est massivement refusé par les journalistes de la rédaction parisienne de France 3.

Basé uniquement sur la maitrise des coûts, il nie toute autonomie éditoriale des deux rédactions , au profit d’une seule , celle de France 2.

Un projet qui nous dit-on s’inspire de Radio-Canada, de la RTBF , ou encore de la BBC.Seulement comparaison n’est pas raison puisque ces groupes audiovisuels ont fusionné leurs activités radio, télé, et numérique, alors qu’en la matière en France ce sont bien deux médias identiques qu’on voudrait rapprocher, fusionner avant la disparition de l’un des deux.

Un non sens éditorial au regard des identités des deux chaînes. France 2, chaine généraliste ,et France 3 chaine nationale à vocation majoritairement régionale. Avec ses défauts, certes , les journaux des bleus sont construits sur une triple logique « locale /régionale/nationale », le tout décliné entre 12H et 13H et entre 19H et 20 H. Des tranches qui ont su trouver leurs publics , avec des variations au fil du temps mais qui restent des moments privilégiés pour les téléspectateurs. Sans oublier bien sur le Grand soir 3, seul rendez vous d’information d’ 1 heure sur le service public, en dehors des émissions de débats.

Pendant ce temps là, en quête d’un access-prime time la grand-messe du 20 heures de France 2 , peine pour ne pas dire plus, à atteindre son objectif. Concurrencer le 20H de TF1.

Alors pourquoi fusionner deux rédactions plutôt que d’essayer de redéfinir des lignes éditoriales claires.
Mettre des moyens techniques en commun c’est déjà fait !
Uniformiser les matériels c’est déjà fait !
Rationaliser les organisations techniques c’est déjà fait !
Mais cela doit s’arrêter là.Les journalistes de ces deux rédactions doivent pouvoir ponctuellement travailler ensemble , mais pour leurs chaines respectives ,avec leurs angles ,leurs tons ,leurs écritures ,leurs styles .

Uniformiser le traitement de l’information serait à coup sur une défaite pour les rouges et les bleus.

Je défends le partage, et je m’oppose au pillage que veut mettre en place l’actuelle équipe dirigeante .Un partage entre les chaines, pour être plus fort, sur des évènements majeurs, c’est nécessaire dans le paysage concurrentiel actuel .Mais pour le reste respecter les identités de chaque rédaction est une question de survie, l’inverse serait une mise à mort consciente de l’information sur la 3. Elle fragiliserait l’ensemble du réseau et, de fait, aurait un impact économique définitif au regard des rentrées publicitaires majeures autour de la tranche régionale et nationale du 19/20.

 Si ma candidature trouvait une fin heureuse, alors oui je mettrais fin à ce projet funeste d’INFO 2015.

 

Dites-moi où est le pouvoir ?

Soyons clairs , il n’est pas question ici d’en appeler à l’interventionnisme des années Peyrefitte. Mais plutôt de dénoncer le « laisser aller » après le « laisser faire » .

Oui, France Télévisions est à la dérive .

Elle abîme des centaines de précaires , elle affaiblit ses salariés permanents, elle met en péril l’avenir de l’entreprise, elle pêche par manque de réelle stratégie , elle donne de multiples mauvais exemples en terme de diversité, d’égalité femmes/hommes , de dialogue social ,et de management plus brutal qu’autre chose .

Sans oublier , l’affaire qui touche ses anciens dirigeants comme les actuels. Bygmalion et les soupçons de favoritisme salissent l’image de notre entreprise où la définition du service public est pour moi associée à celle de l’exemplarité .

Alors cette missive sous forme de billet dans ce blog est un appel à l’aide .

Que fait le gouvernement en la matière ? Rien de plus que ce que nous dénoncions sous l’ère Sarkozy, affaiblir, oublier, nier ce que nous sommes .

Par un abandon de nouvelles solutions pour stabiliser  France Télévisons financièrement .

Par un abandon au regard de la situation psychologique fragile dans laquelle se retrouve bon nombre de salariés, et de nombreux rapports l’attestent .

Par un abandon de ceux qui s’opposent à des projets funestes, que nous dénonçons et que je dénonce, comme la fusion des rédactions nationales de France 2 et de France 3.

Par un abandon de France 3, en confiant sans ambition une mission à Anne Brucy dont nous attendons toujours les conclusions, à l’heure d’ailleurs d’une possible réforme territoriale qui pourrait, pourquoi pas, toucher notre réseau régional .

Alors oui, Madame Filippetti, Messieurs Hollande et Valls , ceci est pour vous : un appel pour connaître enfin votre projet pour l’audiovisuel public, en général et pour France Télévisions, en particulier .

Certes le mandat de l’équipe actuelle va jusqu’au milieu de 2015 .
Certes vous avez d’autres chats à fouetter, perdus que vous êtes dans les profondeurs de l’impopularité et affaiblis encore un peu plus par des catastrophes électorales à répétition .

Mais pour autant un projet pour la télévision publique n’est pas accessoire , que ce soit pour nous salariés, journalistes techniciens et administratifs, mais aussi pour le public, téléspectateur assujettis ou non à la redevance .

Il est temps, ma candidature a aussi pour but de vous interpeller, voilà qui est fait .

Sales affaires

Comment ne pas ressentir un profond dégoût ces derniers jours ? A l’heure où l’affaire Bygmalion/UMP fait la « une » des journaux écrits et audiovisuels, une autre histoire se développe au fil de l’eau d’une instruction menée par le juge Van Ruymbeke.
Point commun Bygmalion mais au bout du dossier son autre client France Télévisions.

Des soupçons de favoritisme et des mises en examen à la clé. Au cœur du système l’équipe dirigeante de France Télévisions sous l’ère Carolis mais aussi l’actuelle présidence.

Un peu d’histoire. Aux belles heures de Carolis, autour de lui Damien Cuier, Camille Pascal, Bastien Millot, des copéistes de la première heure.

Automne 2008, quelques mois après que Jean-François Copé ait rendu son rapport sur la télé publique qui supprima la publicité à la demande du président Sarkozy, Bastien Millot prit l’air et monta Bygmalion… Mais pas pour rien puisqu’il engrangea des contrats avec son ancien employeur, sans appel d’offre, si on suit bien l’instruction.

Patrick de Carolis est remplacé par Rémy Pflimlin, directement nommé par le président de la République. Ben tiens…Et les contrats avec Bygmalion continuent jusqu’au cœur de l’année 2013…Certes moins juteux, certes moins nombreux mais quand même !
Alors, pourquoi ne pas avoir tout interrompu, si le soupçon frémissait dans nos locaux ?

De quoi en tout cas pour l’instant faire de l’ancien secrétaire général de France Télévisions et du président Pflimlin des témoins assistés. Mais surtout de nous jeter, nous salariés, dans un profond dégoût. Une crise morale à minima qui me fait, dans cette démarche de candidat à la présidence, réclamer plusieurs choses.

Tout d’abord que nous parlions de ce volet Bygmalion /France Télévisions dans nos éditions d’information sur France 2 comme sur France 3. Que lorsqu’on évoque la partie Bygmalion/UMP, on rappelle que la petite entreprise de Bastien Millot est aussi dans le collimateur de la justice avec France Télévisions ! Que Patrick de Carolis ne soit plus à l’antenne tant que cette affaire n’est pas jugée. Et qu’enfin le président de France Télévisions prenne ses responsabilités et surtout se pose une question essentielle : peut-il encore diriger cette entreprise, alors que cette affaire le fragilise encore un peu plus, et surtout abime notre engagement de salariés au quotidien ?
Enfin que la tutelle arrête de regarder tout cela de loin, alors que sa seule action a été de recruter deux anciens dirigeants de France Télévisions en son sein. Un de l’équipe Carolis et récemment un de l’équipe Pflimlin.(voir précédent billet)

La présomption d’innocence prévaut bien sûr, mais il faut en finir avec cette crise morale. Nous devons être exemplaires par respect pour nos téléspectateurs .On ne peut pas commenter à longueur de journée les affaires des autres sans se regarder dans la glace avec fierté et amour-propre.

C’est aussi cela la nouvelle gouvernance que je propose dans ma démarche qui gêne de plus en plus en hauts lieux.

Soutien à la rédaction de l’AITV

badgeaitv

Depuis aujourd’hui les salariés de l’Aitv portent ce badge
pour que leur rédaction ne meure pas.

La rédaction de l’AITV est menacée depuis le 12 septembre 2013,
date à laquelle la direction de l’information de France Télévisions a annoncé son intention de la supprimer puis, a inscrit sa disparition dans un plan de départs volontaires homologué par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi le 19 mai 2014.